Gracias a la vida
Il nous reste seulement quatre jours avant notre départ à Iquitos. Notre semaine a été remplie par la conception d`une murale, de répétitions et de deux spectacles. Le premier, dans un amphithéâtre devant près de 300 personnes et le deuxième dans un couloir d`hôpital (voir photos) devant près de vingt personnes. Chapeau à notre capacité d`adaptation (ah..Pérou !) !
En tant que première troupe étrangère invitée au Festival de las Artes de Villa El Salvador, notre spectacle était attendu et nous étions nerveuses. Il était tard, mais les gradins étaient pleins. À notre arrivée sur scène, nous avons ressenti un doute : « On est dans un quartier pauvre de Lima, trois gringas qui viennent parler de la pauvreté….Qué cé qu`on fait là ??? Ça rit, mais ça parle beaucoup… » Mais d`un seul coup de vent le silence s`est installé et nous avons vraiment senti que les gens étaient captivés par l`histoire et non pas par des blanches déguisées, bafouillant un espagnol franchouillard. Ce fut un tourbillon qui réchauffe le cœur : éclats de rire unanime, visite de deux chiens sur la scène, pluie de centavos, exclamations, commentaires etc. Wow !!! Nous avons récolté plusieurs impressions, en voici une recueillie par notre metteur en scène qui nous a bien fait rire : « Al fin, son todas locas ? »( Finalement, c`est toutes des folles ?)
Le lendemain une expérience complètement différente nous attendait. Entre la porte de thérapie et celle de consultations psychologiques, nous avons donné notre 100%. Deux infirmiers en blouses blanches et un public d`adolescents typiques, observaient l`œuvre d`un œil perplexe…Tout de même, la discussion qui a suivie la présentation nous a révélé leurs réflexions qui étaient super pertinentes. Celles-ci nous permettent d`enrichir notre processus artistique et social.
Bref, nos personnages et l`histoire semblent toucher le public péruvien malgré des thématiques montréalaises menées par trois femmes. Nous savions que c`était risqué, mais nous sommes fières de nous. Non seulement l`essence de l`œuvre est comprise : la pauvreté, la folie, la solitude, le froid, vécus par deux amies mendiantes, mais aussi d`autres perceptions s`ajoutent comme par exemple le symbolisme par l`objet, la subsistance, le matérialisme, la dépendance aux jeux, l`innocence, les superstitions, la mémoire. Cela renforce encore plus notre volonté à poursuivre le projet au Québec….au Mexique, en Afrique…Ah !Ah !Ah !
En terminant, on ne parle pas beaucoup des ateliers c`est que….ah !...Pérou. On peut juste dire une chose : le théâtre forum est prêt et on a hâte de le faire. Les imprévus vont bon train et on les accueille avec sérénité grâce aux séances de méditation oh combien réconfortantes de Yamie.